Vers le bonheur.
Il faut d'abord prendre conscience que notre bonheur dépend en grande partie de nous. Il ne faut pas seulement l'attendre de la part des autres ou de la providence. Ensuite, il faut s'attacher à ne pas gaspiller les propositions de bonheur dans la vie quotidienne. Nous devons apprendre à savourer toutes les petites satisfactions, même imparfaites. Enfin, s'abandonner à des choses simples comme se rapprocher de la nature : une balade en forêt, un week-end à la mer, jardiner, bref tout ce qui nous rappelle nos racines animales.
Pourquoi dit-on que l’on cultive le bonheur ?
Parce que le bonheur ressemble à du jardinage, on sème aujourd’hui mais on ne récoltera que demain. Il faut des efforts réguliers : arracher les mauvaises herbes (pensées et émotions négatives) et préparer le terrain aux fleurs et aux fruits que l’on aime. Autre point commun avec le jardinage : quel que soit le résultat (certaines récoltes bonnes, d’autres moins), il faut se réjouir de toute façon de ce que l’on est en train de faire. Le bonheur, c’est aussi savourer le chemin, pas seulement le fait d’être arrivé.
Pourquoi la quête du bonheur est-elle si intense ?
C’est une quête éternelle : dès l’Antiquité grecque et latine, les philosophes réfléchissaient sur la recherche du bonheur, l’eudémonisme. Cette démarche est nécessaire à l’humain : nous sommes les seuls animaux à savoir à l’avance que nous allons mourir, ce qui est tout de même fort angoissant et insécurisant. Le bonheur, qui nous permet des petites bouffées d’immortalité durant lesquelles le temps s’arrête, est le seul antidote possible à cette angoisse fondamentale.
Pensez-vous que les gens sont plus heureux aujourd’hui ?
Plus heureux, je ne sais pas. Mais nous avons plus de possibilités de l’être qu’autrefois, vu les conditions matérielles privilégiées dans lesquelles la plupart d’entre nous, occidentaux, évoluons : santé, éducation, protection sociale… Ce socle matériel nous laisse tout loisir de nous occuper à nous rendre heureux. Mais certains sont pour cela plus doués que d’autres. A côté des inégalités sociales et matérielles, il y a aussi des inégalités psychologiques dans l’aptitude au bonheur. Heureusement, cela peut s’apprendre et se travailler.
Christophe ANDRE